Conférence : les modèles économiques innovants pour lutter contre le changement climatique

5 projets pour développer le potentiel écologique des pays du sud

La seconde conférence de ce vendredi 13 novembre présente plusieurs projets durables à fort impact social, économique et environnemental. De la gestion des déchets à la problématique de l’habitat durable, en passant par l’incontournable énergie solaire, les différents intervenants s’appuient sur leurs expériences et leurs engagements pour exposer plusieurs mesures concrètes pour soutenir notre environnement dans les pays en voies de développement.

Le projet Africompost, porté par l’association Gevalor, propose d’intervenir dans la gestion et la valorisation des déchets au Cameroun, à Madagascar ou encore en Côte d’Ivoire. Face au désarroi des villes africaines face au défi d’une production croissante de déchets ménagers, l’association s’investit auprès des petits collectifs, et des collectivités locales, afin de réduire considérablement les émissions toxiques. Responsable de 5 % des gaz à effet de serre, dont du méthane nocif pour les populations, les déchets ménagers représentent un enjeu considérable. L’objectif du projet est d’assurer la réception, le traitement et la valorisation des déchets mais aussi la fertilisation des sols et la promotion d’une agriculture durable. En effet la récupération de la matière organique des déchets permet de produire un compost pouvant servir ultérieurement à la production agricole. En remplaçant les engrais chimiques subventionnés par l’Etat, le compost soutient une démarche de développement économique et durable auprès des petits agriculteurs.

Gauthier Ricordeau, nous propose, aux côtés des Agronomes et Vétérinaires Sans Frontière, de voyager au Togo où un élan national en faveur de l’agro-écologie est entrain de naître. Dans un contexte de forte dégradation des sols, l’objectif est de réduire la vulnérabilité des familles rurales et d’assurer la durabilité et la diversification de leur production. Le projet vise à accompagner la transition des pratiques agricoles intensives et chimiques vers une agro-écologie durable. Des formateurs, inspirés des pratiques locales, et des champs expérimentaux exposent et diffusent ces pratiques et savoirs qui conservent les sols et optimisent les productions. Une campagne de sensibilisation sur le rôle des arbres dans la culture, l’érosion des sols et les moyens de l’éviter a ainsi été mise en place. Aujourd’hui la technique du cordon pierreux permet aux paysans de réduire l’apport en eau et de retenir la terre de leurs cultures.

A Haïti, Entrepreneur du Monde, et son responsable en programmes énergies Thomas Thivillion, s’investie afin de assurer une meilleur qualité de vie aux familles pauvres touchées par l’érosion des sols et la déforestation. Le cœur du projet PALMIS Eneji est de promouvoir l’efficacité énergique au sein de foyer dépendants de sources polluantes et nocives. Il s’agit notamment de remplacer les équipements polluants par des produits durables comme des réchauds à faible consommation d’énergie, ou encore des lampes solaires qui tendent à assurer jusqu’à 5h d’éclairage par jours pour les près de 20 000 familles concernées par le programme.

L’énergie solaire, présentée par Anis Jouini, chef de département de l’institut national de l’énergie solaire, est une technologie rentable et propre vouée à un avenir lumineux. Captée notamment par la Chine, la marché du solaire commence à attirer les convoitises de nombreux pays. Les installations photovoltaïque ont un potentiel si important qu’elles tendrons à assurer jusqu’à 16 % de l’énergie mondiale en 2050, contre seulement 2 % aujourd’hui. Des habitats – 20 millions équipés en Californie – aux camions en passant par les routes, ces installations pourraient couvrir de nombreux équipements et de large pans du territoire. A titre d’exemple, si le quart des routes de France étaient couvertes par une fine couche de panneaux solaires, la récolte énergétique permettrait de subvenir aux besoins du pays.

La crise énergique a mis en lumière la problématique des modes d’habitats. La construction d’habitat est l’un des secteurs les plus impactant au monde, notamment en terme d’utilisation de ressources non renouvelables. La valorisation de matériaux écologiques largement oublié par les architectes, comme la terre, est donc un enjeu essentiel pour l’avenir. C’est ce que nous propose Philippe Garnier, responsable du Programme Habitat de l’association Krater. L’objectif est à la fois d’assurer des habitats résistants face aux aléas du changement climatique – séismes, ouragan – mais aussi de réduire les conséquences écologique des habitats. A Mayotte, ce sont près de 20 000 constructions durables qui ont été construites. Ce projet a permis de créer des emplois et d’impliquer de nombreux architectes et artisans locaux. En privilégiant les circuits courts et en s’investissant positivement dans l’économie local, l’initiative a convaincu les partenaires locaux et reçu un fort soutient politique.

Finalement, l’ensemble de ces projets tendent à dessiner les contours de modèles économiques et agricoles viables, tirant parti de savoirs faire anciens ou récents, mais aussi de polluants au potentiel sous-estimé. Les retombées en terme de progrès économiques et sociaux sont considérables et renforcent la crédibilité des voies alternatives aux modes de productions capitalistes.

Mathis Buis

Conférences : Changement climatique, des idées concrètes pour notre planète

Révolutionner nos pratiques pour préserver notre santé et celle de notre planète. 

De 10h30 à 12h15, Yekbun Gürgoz, consultante pour la Coalition pour le Climat et l’Air Pur, Jacqueline Collard, de l’association Santé et Environnement en Rhône-Alpes (SERA), Mathieu Ruillet, Groupe Énergies Renouvelables Environnement et Solidarités (GERES) nous parlent de la manière dont nous pouvons, et devons, changer nos pratiques afin d’endiguer la destruction de notre écosystème.

Chaque année, la pollution de l’air fait 7 millions de morts. Les émissions de particules fines à l’origine de ces décès figurent également parmi les principales contributrices au changement climatique. En matière de climat et de santé, les pays du Nord et les pays du Sud sont interdépendants, mais collectivement, ils peuvent réduire la pollution de l’air.

Quelles pratiques et technologies pour préserver notre environnement ?

Trois organisations engagées pour préserver notre santé et notre écosystème

Ce matin avait lieu la première table ronde de la Semaine de la Solidarité Internationale, sur le thème des technologies écologiques et des pratiques innovantes contribuant à préserver notre santé tout comme notre environnement.

Le but de la conférence est de diffuser un message encourageant en présentant des mesures concrètes visant à lutter contre les émissions de polluants.

L’ONG Groupe Energie Environnement et Solidarité, présentée par Mathieu Ruillet, entreprend ainsi d’assurer une transition écologique dans des pays en voies de développement. En remplaçant progressivement les instruments domestiques de cuissons traditionnels, il s’agit d’inciter les foyers à se tourner vers des pratiques à faibles émissions de gaz toxiques. L’enjeux est notamment de protéger les populations exposées aux combustions de bois et de charbon, productrices de particules nocives. Ces pratiques dangereuses concernent la moitié de la population en Asie et près de 4,3 millions de morts prématurées dans le monde. Il s’agit aussi de respecter les filières économiques locales engagées dans la production et la distribution des combustibles ou des foyers polluants, en leur permettant de préserver leur activité tout en promouvant des pratiques plus propres. Reste la problématique du coût : au Cambodge, le foyer à gaz équivaut à 20$, tandis qu’un cuiseur Mong s’obtient pour 1,50$, et est donc bien plus accessible pour la population locale. Les résultats de l’ONG sont cependant remarquables : économies monétaires, moindre combustion de bois, progrès sociaux… C’est l’une de plus grandes réussites en terme d’impact, de durabilité, et de population concernée.

Yekbun Gurgoz s’est engagée au sein de la Coalition pour le climat et l’air pur et dans le cadre des programmes pour le développement de l’ONU, à réduire considérablement les polluants dits de courtes durées. Moins connus que le CO2, mais tout aussi nocifs pour la santé humaine, l’agriculture, et le climat, ces polluants proviennent des systèmes de cuissons, du chauffage, ou encore des frigidaires. Les polluants à courtes durées sont responsables impactent considérablement la santé, l’agriculture et le climat. Plusieurs mesures soutenues par la coalition pourraient pourtant permettre de réduire considérablement les émissions de carbones noirs et de méthanes (jusqu’à 40 % 2015) et éviter jusqu’à 2 millions de morts prématurées : meilleur traitement des eaux usées, remplacement du chauffage au bois et au charbon, réduire les incinérations…

La présidente de l’association SERA – Santé Environnement Rhône-Alpes – Jacqueline Collard, propose de revenir sur les tenants du confort occidental et leurs conséquences locales et globales en terme de déforestation, de sécheresse, ou encore de pollution des eaux et de l’air. C’est une donnée évidente et pourtant importante à rappeler : la masse des polluants produite par les foyers et les industries est présente et parfois visible dans l’air de Lyon. La région Rhône-Alpes est l’une des plus polluées de France, et ne répond aucunement aux recommandations de l’OMS. Or, la diffusion des particules fines en ville, responsable de la mort de 2 millions de personnes dans le monde, est particulièrement nocive pour la croissance des enfants, ou encore des bébés dans les poussettes, plus bas et donc plus exposés que les adultes aux émissions de gaz. Il s’agit donc de repenser de manière globale les modes des transports, les pratiques industrielles et agricoles… mais aussi au sein des foyers les modes de chauffages et l’utilisation des produits d’entretien. La loi sur la transition énergétique propose plusieurs innovations permettant une amélioration de la qualité de l’air : fonds pour le solaire, aides pour responsabiliser les pratiques, primes sur les bonnes pratiques…

En conclusion, il est notable que les populations du sud, souvent concernées par les bouleversements climatiques, soient de manière globale extrêmement propre comparées aux pratiques occidentales : le continent africain n’est ainsi responsable que de 2 % des émissions de CO2. Leurs efforts sont considérables, à nous de nous montrer à la hauteur !

Mathis Buis