Conférence : La société civile et le développement local en Tunisie

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La ville de Lyon s’investit en matière de solidarité internationale, selon Max Vincent, en poste à la coopération décentralisée de la Métropole. Elle a su accompagner le sursaut démocratique vécu par les Tunisiens, notamment en mettant en place des réseaux de coopération entre les cités Lyonnaises et les communes Tunisiennes. En ce dimanche 15 novembre, les enjeux de la transition politique tunisienne, le développement régional et « l’exception Tunisienne » seront au cœur des débats.

Le regard d’une historienne est essentiel pour comprendre les évènements contemporains ayant bouleversé le Tunisie. Dans les années 20, l’essor d’un espace public en Tunisie, autour de clubs puis de cercles de réflexions politiques contestant le protectorat, a permis la création du premier parti politique Tunisien. En cristallisant les revendications constitutionnalistes, il matérialise l’effervescence politique et constitue un particularisme propre à la Tunisie. Au-delà du politique, la création d’associations sportives, culturelles, littéraires, puis féministes, témoignent du dynamisme de la société civile. L’appropriation des cadres d’actions politiques, la naissance de syndicats et de mouvements politiques secrets, ont accompagné la déclaration d’indépendance Tunisienne. Aujourd’hui, la Tunisie a su capter, s’approprier, et parfois instrumentaliser les richesses et les initiatives du monde. La féminisation de la vie active, associative et politique en Tunisie témoigne de cette particularité.

Le Consul général de Tunisie à Lyon, Adel Ben Lagha, revient sur les évènements de 2011 et leurs conséquences. La société civile Tunisienne, longtemps étouffée par le pouvoir de Ben Ali, a vu ses ambitions et ses revendications jaillir de la révolution. L’essor de l’espace public, la privatisation des libertés, la multiplication des associations – 18 000 inscrites – dessinent les contours d’une société civile active et militante. Chapeautée par une Haute Instance, la transition politique et démocratique, est désormais achevée avec la proclamation de la constitution. Désormais, la phase de la transition économique s’amorce. Le développement économique intègre de nouveaux enjeux de coopérations et de solidarité entre les Tunisiens.

Selon Hafidha Khadraoui, que nous avons déjà présenté précédemment, évoque un bémol à l’essor de la société civile en Tunisie : certes, les associations se sont multipliées, mais bien souvent, elles se sont cantonnées aux villes et ont délaissé la vie rurale. Diriger le monde politique vers la décentralisation, c’est l’un des objectifs qui doit accompagner la transition démocratique en Tunisie. L’action de Hafidha Khadraoui nous montre comment une association locale, aux moyens limités, peut participer à l’élan national. Dans une démarche participative, le captage de l’eau de pluie ou encore la valorisation des ressources forestières ont permis d’améliorer les conditions de vies des habitants ruraux.

Le cadeau le plus précieux de la révolution est certainement l’expression libre des opinions au sein de la société civile, selon Nicolas Wit, directeur-adjoint de Cites Unies France. Au côté d’autres associations, il s’agit de démontrer que, plus qu’une simple relation de bons voisinages, la France et la Tunisie doivent oeuvrer ensemble et associer leurs sociétés civiles. L’objectif est de faciliter le parcours de la Tunisie dans l’exercice démocratique, alors que des élections municipales s’annoncent.

Le Prix Nobel de la Paix, est venu saluer la coalition politique et associative Tunisienne, qui a permis d’éviter une guerre civile lors de la transition politique. L’engagement de la société civile Tunisienne, fut d’autant plus essentielle que la révolution a été portée moins par un leader charismatique ou un parti politique, que par des revendications politiques naturelles. Et le Quartet a su tirer profit des sit-ins organisé dans la rue, face à l’assemblée nationale. Le monde intellectuel, et notamment les avocats, déjà actifs lors des revendications indépendantistes, ont aussi promu le désir de libertés fondamentales du peuple tunisien.

Désormais, la nouvelle étape de construction tunisienne est amorcée. L’occasion pour les associations solidaires d’associer le développement économique en germe, aux valeurs de développement durable et d’économie circulaire.

Mathis Buis

Globalisation néo-libérale, démocratie et résistances

Le cas du Grand Marché Transatlantique

Avant-propos

« Après l’effondrement du totalitarisme étatique en URSS, un nouveau totalitarisme émergeait : celui des marchés. Contrairement à la comptine journalistique, il ne découle pas d’une évolution inéluctable, mais de choix politiques délibérés effectués par tous les gouvernements occidentaux ». Cette fronde provocante, menée par les chercheurs Raoul Marc Jennar et Laurence Kalafatidès contre la canonnière libérale, est tirée de l’ouvrage « AGCS. Quand les Etats Abdiquent Face Aux Multinationales » parues aux Éditions Raisons d’Agir, fondée par Pierre Bourdieu. En exposant le risque totalitaire d’une globalisation synonyme de dérégulation des marchés, les deux auteurs condamnent l’Accord Général sur le Commerce et les Services qui tend à libéraliser le secteur des services publics :  de la santé à l’éducation en passant par l’accès à l’eau potable. En 2004, une mobilisation globale freinait les tractations secrètes pour la mise en œuvre de cet accord. Dix ans plus tard, le Grand Marché Transatlantique (GMT) entend aller encore plus loin dans l’extension du néo-libéralisme sur le continent européen, et rencontre, une nouvelle fois, des résistances sans précédent. L’histoire se répète.

Introduction

Le traité transatlantique est l’expression même du néo-libéralisme. Pour s’en convaincre et pour apprécier les conséquences d’un tel ancrage idéologique, il convient de revenir sur les motivations sous-jacentes du Grand Marché Transatlantique.

TAFTA : genèse d’une victoire annoncée de la globalisation néo-libérale

De puissants soutiens

Récemment, Philippe de Villiers a été invité sur tous les plateaux-télé pour la promotion de son dernier ouvrage. Nonobstant les opinions politiques, il est intéressant de revenir sur son témoignage. Il y affirme à TV Libertés, avoir assisté à une réunion de la Commission Trilatérale, en 2007, présidée par l’influent Brzezinski au sein des locaux du Parlement européen. Les propos tenus devant plus de 400 personnalités du monde politique et industriel évoquaient notamment la « destruction de l’homogénéité des nations » et l’objectif d’un « traité transatlantique » servant de pont à l’édification d’un « marché planétaire de masse ». Au côté de ce puissant club de discussion, le forum Trans-Atlantic Business Council s’évertue à aménuiser l’interférence des pouvoirs publics dans les relations commerciales transcontinentales. Il assure la promotion depuis de nombreuses années d’un tel accord, entérinant la perspective d’un marché échappant aux contraintes législatives et démocratiques nationales.

Le leitmotiv géopolitique du Grand Marché Transatlantique

La donne géopolitique ne doit pas être sous-estimée, car, couplé au partenariat transpacifique, le traité transatlantique s’inscrit évidemment dans une stratégie américaine de contrôle global des marchés afin de contrer la rapprochement croissant des puissances Eurasiennes. Accord Général sur le Commerce et les Services, Trade In Service Agreement, Accord multilatéral sur l’investissement… sont autant de façon de renforcer la puissance économique américaine en misant sur l’isolement des puissances concurrentes. La somme de ces traité joue le rôle de faire valoir des règlementations occidentales auprès des acteurs de la mondialisation, et plus particulièrement de la Chine. A travers notamment l’Organisation Mondiale du Commerce, l’objectif de cette homogénéisation des normes est de constituer un groupe de pression incroyablement puissant, regroupant plus de la moitié des richesses du monde, et capable de maintenir l’hégémonie américaine dans la régulation du système international. Cette motivation devient de plus en plus urgente, au fur et à mesure que des institutions concurrentes – la Banque d’Investissement Asiatique – et que des accords bilatéraux contestent la superpuissance américaine.

Le leitmotiv économique du Grand Marché Transatlantique

Le traité transatlantique se différencie de ses prédécesseurs pour qui l’ennemi principal était les barrières douanières. Considérées par le représentant américain au commerce comme « déjà assez basses », les contraintes aux frontières ne constituent plus l’enjeu principal des négociations. Désormais, dans une logique d’approfondissement du néo-libéralisme, il s’agit d’assurer « l’élimination, la réduction ou la prévention des politiques nationales superflues » (idem). L’interprétation de ces « politiques nationales superflues » est si large qu’elle peut à la fois décourager toute volonté de régulation de la finance, mais aussi désarmer l’ensemble des protections sociales, les mesures de protection de l’environnement, ou encore tout projet visant à accroitre le rôle du citoyen et son contrôle démocratique sur la politique. La menace que fait peser l’ambition de la logique néo-libérale sur la démocratie est parfaitement résumée par les confidences de David Rockefeller au magazine américain Newsweek : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire »

Néolibéralisme et dé-démocratisation

La logique néo-libérale n’est ni plus ni moins que l’extension des logiques marchandes capitalistes à toutes les dimensions de la vie humaine. Comme en témoigne les politiques d’austérités imposées au besoin par l’étranglement monétaire et la négation de choix démocratiques, le cœur du néo-libéralisme entend substituer le raisonnement d’un gestionnaire et les préoccupations économiques à toutes considérations se référant à l’humain, à la justice, au sacré, et évidemment aux pratiques démocratiques. La raison néo-libérale formate progressivement un homo œconomicus intégré dans une société anti-politique, sacrifiant la figure d’un citoyen réduit à l’état de capital humain, promouvant la financiarisation de l’indispensable et l’édiction de l’impuissance publique car démantelée et gouvernée par l’endettement et obnubilé l’objectif d’une sainte croissance économique. Pour bien comprendre les enjeux de l’enterrement brutale du rêve démocratique par le néo-libéralisme, l’analyse de Wendy Brown est indispensable, notamment lorsqu’elle met en avant la glissement sournois de l’essor du libéralisme vers l’enfermement aux logiques néo-libérales  : « de façon tout à fait perverse, le sujet jadis séduit par la promesse d’émancipation radicale de la raison néolibérale en est désormais réduit à voir son destin et son orientation morale liés organiquement à un projet macro-économique et à faire le sacrifice de son existence au nom de ce projet ». Désormais, le citoyen « peut être sacrifié, privé d’emploi ou réduit à la famine dès qu’il cesse de contribuer au projet de la nation-entreprise, ou bien lorsque ce projet ne peut tout simplement plus lui garantir le bénéfice d’une assurance maladie, d’une retraite, d’une éducation, ni une quantité minimale d’air pur, d’eau potable ou d’espaces verts, remettant ainsi en question son existence même » (idem).

Embourbé dans ce projet de gouvernance néo-libérale et d’économisation de la politique, le traité transatlantique annonce les nouveaux contours de la globalisation. Cependant, l’opposition croissante de collectivités, d’associations, et de citoyens préfigure aussi une contestation globale des négociations secrètes menées par la commission européenne.

Contestation, actions et résistances : les Européens se lèvent contre le GMT

Alors même que le Parlement Européen s’est récemment accordé pour soutenir le projet transatlantique, les mobilisations en Europe prennent une ampleur historique.

Une mobilisation historique

Le samedi 10 octobre 2015, l’opposition au traité transatlantique faisait vibrer toute l’Allemagne en réunissant la plus grande manifestation à Berlin – entre 150 000 et 200 000  manifestants – depuis les mobilisations pacifiques contre la guerre en Irak. Le lendemain, ce sont pas moins de 1100 marches, réunions, sensibilisations, et collectes de signatures pour une pétition inédite qui ont eu lieu dans 22 pays de l’Union Européenne. Fédérer autant de protestations sur un sujet aussi complexe que le traité transatlantique relève du tour de force. Mais la vivacité de l’engagement européen peut s’expliquer par la très forte méfiance des citoyens vis-à-vis de TAFTA : une consultation publique à l’initiative de la direction générale du commerce témoignait d’un avis négatif à plus de 97% des voix exprimée.

Les collectivités territoriales entrent dans la danse

« Le conseil régional d’Ile-de-France (…) demande l’arrêt des négociation sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), dit grand marché transatlantique (GMT), du fait de l’absence de contrôle démocratique et de débat public sur les négociations en cours ». La défiance symbolique du poumon économique français vis-à-vis du marché transatlantique témoigne d’un engagement allant bien au-delà du militantisme et de la sphère individuelle. Le mouvement qui enjoint les collectivités à se déclarer « zone hors TTIP » a été rejoins par près de 500 collectivités territoriales comprenant 54% de la population française.

La Commission européenne : entre mépris et surdité

Comment faire entendre cette contestation massive au sein même des bureaux feutrés de la commission européenne ? Une Initiative collective européenne, rassemblant les voix de plus d’un million d’Européens, comptabilisant au moins 7 pays membres, a été déposée auprès de la commission européenne. Quelle a été sa réaction à l’égard d’une si grande préoccupation des citoyens ? Rejeter l’initiative au motif que les négociations n’entraient pas dans le cadre juridique légal de l’Initiative Collective Européenne. Tout au plus, la Commission européenne a lancé quelques consultations publiques, tout en se gardant bien de conférer une quelconque valeur à ses contributions : « Ce n’est pas parce que soixante contributions proposent de se débarrasser du dispositif de règlement des différends entre États et entreprises que nous suivrons leurs recommandations »  a ainsi précisé le chef de cabinet du Commissaire au commerce.

Le mépris des institutions européennes n’a contribué qu’à renforcer le mouvement. Le 7 octobre 2015, ce n’est pas moins de 3,2 millions de signatures en faveur de l’arrêt des négociations qui ont été déposées dans les bureaux de Bruxelles. La Commission européenne pourra-t-elle s’opposer à la plus grande pétition européenne jamais enregistrée ?

Mathis Buis

Table-ronde : Le changement climatique et l’engagement citoyen

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Une implication individuelle et collective

Trois conférenciers exposent leurs convictions et leurs engagements afin de sensibiliser le public aux enjeux énergétiques, humains, et financiers induit par le dérèglement climatique.

La spécialiste du changement climatique, Chloé Maréchal-Chenevier, a ainsi fait preuve d’une grande capacité de synthèse et de pédagogie en présentant en quelques 15 minutes, les implications, les causes, et les dangers présents, imminents et futurs du réchauffement climatique. De la désynchronisation des écosystèmes à l’acidification des océans en passant par la modification du milieux de vie naturel des organismes vivants, la démonstration s’appliquait à mettre en lumière les impacts déjà observables du glissement climatique. Avec en conclusion, un appel à agir vite, puisque d’ors et déjà, l’engrenage climatique est lancé et aura des conséquences historiques sur les générations futures.

Sylvain Chirat, responsable de l’Agence Locale de l’Energie, spécialiste des questions de transition énergétique et des solutions locales, plaide lors de son intervention, pour un engagement citoyen accru. Plutôt que de remettre la faute sur la Chine, les multinationales, ou la frigidité des politiques, le citoyen doit réaliser et mettre en œuvre son potentiel écologique. L’objectif de l’Agence est notamment de dynamiser l’engagement citoyen. Elle propose de sensibiliser les citoyens sur les comportements sobres, les habitats durables et économes, ou encore de promouvoir les problématiques climatiques dans les politiques publiques locales. A travers son engagement dans le mouvement à succès Alternatiba, Sylvain Chirat promeut une lutte citoyenne contre le réchauffement climatique. Dans ses nombreux villages, Alternatiba expose des projets solidaires, des expositions sur la finance positive, ou encore des réflexions sur le bien-être.

La dernière intervenante, Hafidha Kadraoui, témoigne de son implication au sein de la vie associative, et dans la solidarité franco-tunisienne. Avec le soutien de la population locale et dans une démarche participative, la fondation agit notamment dans la promotion de l’échange inter-culturel, l’amélioration de la qualité de soins, et la diversification de l’agriculture. Il s’agit principalement d’impliquer la population dans la préservation de son patrimoine, et de proposer des solutions aux problématiques locales de développement : par exemple lutter contre la plastification de l’environnement, mais aussi réhabiliter des terres délaissées afin d’en faire des terres de rendements.

Chacun aujourd’hui à un rôle à jouer pour préserver l’environnement dans les bouleversements climatiques qui s’annoncent. L’avenir repose sur l’engagement individuel, collectif et sur l’inspiration que chacun pourra tirer des initiatives mondiales à succès à l’image des expériences de reforestations au Brésil et en Inde, ou encore de l’impact positif de monnaies locales et alternatives en Angleterre.

Mathis Buis

Nous avons encore battu notre record d’émission de gaz à effet de serre

L’Organisation Météorologique Mondiale a annoncé aujourd’hui que les quantités de gaz à effet de serre viennent d’atteindre un nouveau record. Poursuivant leur inexorable croissance nourrissant le changement climatique et rendant la terre toujours plus inhospitalière pour les générations futures.

« Chaque année, nous signalons un nouveau record d’émission de gaz à effet de serre », affirmait le secrétaire général de l’OMS Michel Jarraud, lors d’un communiqué de presse. « Chaque année, nous répétons que nous sommes à court de temps. Nous devons agir immédiatement et réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre si nous souhaitons conserver une chance de contrôler la montée des températures mondiales ».

Le Greenhouse Gas Bulletin que l’OMM, publié en amont de la COP21 de décembre, à Paris, note une augmentation de 36% des particules responsables de l’effet de serre, entre 1990 et 2014.

Le rapport souligne également le lien qu’entretiennent les fortes concentrations de CO2 et la vapeur d’eau, elle-même responsable de l’effet de serre terrestre, bien que limitée dans le temps. En effet, un air plus chaud est plus humide, ainsi, une température de surface plus élevée induite par de fortes concentrations de CO2 causerait une augmentation de l’évaporation de l’eau en surface, accélérant ainsi l’effet de serre, et donc le réchauffement.  Ainsi, l’OMM souligne qu’une augmentation des concentrations de CO2 mènera à une augmentation disproportionnée d’énergie thermique et de réchauffement due à la vapeur d’eau.

D’ailleurs, le rapport indique que les concentrations atmosphériques de CO2 ont dépassé la barre symbolique de 400 ppm (part par millions). « Nous vivrons bientôt avec la réalité permanente d’un taux de CO2 supérieur à 400 ppm », indique M. Jarraud. « Nous ne pouvons voir le CO2, c’est une menace invisible, mais bien réelle. Une forte concentration de CO2 se traduit par des températures globales plus élevées, des évènements climatiques extrêmes comme des canicules et des inondations, la fonte des glaces, l’augmentation du niveau des océans, et l’augmentation de leur acidité. C’est déjà en train de se produire et nous nous dirigeons vers l’inconnu a une vitesse effrayante ».

Il a rappelé que le dioxyde de carbone reste présent dans l’atmosphère pendant des centaines d’années et plus encore dans les océans. « Les émissions passées, présentes et futures auront une incidence cumulative sur le réchauffement climatique et l’acidité des océans. Les lois de la physique ne sont pas négociables » prévient M. Jarraud.

Le rapport de l’OMM traite des concentrations atmosphériques et non pas des émissions des gaz à effet de serre. Les émissions représentent ce qui va dans l’atmosphère alors que les concentrations représentent ce qui reste prisonnier dans l’atmosphère, la biosphère et les océans. D’après l’OMM, environ un quart des émissions est absorbé par les océans et un autre quart par la biosphère, réduisant ainsi la quantité qui s’échappe dans l’atmosphère.

Cet article est nourri par le UN News Centre.

Lina Kim (The Typewriter

Traduction: Omar Tarabay

L’action humanitaire et la souveraineté nationale

L’homme est un pompier pyromane. Cette métaphore illustre bien la dégradation de l’environnement que l’on fait subir à notre planète. La majorité des crises humanitaires trouvent leurs origines dans les activités humaines et parfois même, dans l’inaction de ces derniers. L’action humanitaire vise en premier lieu à sauver la vie et la dignité des êtres humains. En effet, une notion d’urgence imprègne l’idée de l’action humanitaire. Cependant, celles-ci doivent également envisager des opérations de préventions, sans lesquelles une catastrophe se produirait.

L’action humanitaire, et plus particulièrement les hommes qui en font la promotion et assure sa réalisation, jouit d’un statut social particulier, au même titre que les guérisseurs ou les enseignants. Cette aura leur permet d’accéder à un espace fermé à l’action politique nationale et internationale, sujette à suspicions et souvent à l’origine même des problèmes qu’elle prétend règler. L’action intrusive, quand bien même elle est une aide nécessaire et bienvenue, reste en opposition avec la logique du système international actuelle encore anarchique et stato-centré. Certes les États coopèrent, mais ils restent jaloux de leurs souverainetés, soucieux de leur survie, et à chacun à son échelle, attentifs à l’accroissement de leur pouvoir. Ainsi, l’action humanitaire peut être perçue soit comme une violation, soit comme un aveu de faiblesse des États. C’est une vision réaliste, mais encore d’actualité, qui ne doit cependant pas servir de seule base d’analyse.

Malgré le prestige, l’universalité de l’action humanitaire et l’intégration du principe d‘aide dans la majorité des religions et cultures mondiales, il n’est jamais aisé de faire de l’humanitaire. L’investissement gouvernemental, notamment des pays occidentaux, dans le champ humanitaire brouille en effet les séparations entre politique subjective et intéressée, et l’humanitaire plus objectif, universaliste, et désintéressé. L’humanitaire se doit d’apporter une aide inconditionnée à ceux qui en ont besoin, sans jugements de valeur que l’on peut porter à l’égard de ces derniers. D’un point de vue pragmatique, blâmer un acteur peut se montrer contre-productif du point de vue de l’aide sur le terrain. Se mettre à dos un gouvernement ou un groupe rebelle en l’accusant ouvertement pourrait porter préjudice à des populations en besoins, car l’on se trouverait défendu ou dans l’impossibilité sécuritaire de les aider. Fort heureusement, le Droit International Humanitaire se construit sur cette notion. Une notion qui peut cependant attirer des critiques aux acteurs de l’humanitaire.

Cette nécessité explique les positions très complexes que doivent entretenir les acteurs de la solidarité et de l’humanitaire, avec certains groupes ou États peu scrupuleux. Ils se trouvent entre une nécessité d’aide, de résoudre les problèmes tout en traitant avec les sources de ceux-ci. Une contradiction qui ne doit pas servir d’argument dégradant les actions humanitaires et leurs acteurs. En effet, la loi de la nécessité et sa prééminence sur la défense de nos valeurs subjectives (de Droits de l’Homme par exemple) doit rester la norme de l’action humanitaire.

Omar Tarabay

Qu’est-ce que la Semaine de la solidarité internationale ?

L’équipe du Jean Moulin Post a rencontré deux étudiants du Master 2 Expertise internationale, dans le cadre de leur action à l’occasion de la Semaine de la Solidarité Internationale. La SSI en 10 questions, c’est maintenant !

Si l’on vous demandait de vous présenter en deux mots ?

Nous sommes Andrés et Basile, étudiants en Master 2 Sciences Politiques – Expertise internationale à l’université Lyon 3. Dans le cadre de notre participation à l’organisation de la Semaine de la Solidarité Internationale (SSI), nous faisons partie du groupe en charge des relations presses.

Qu’est ce que la Semaine de la Solidarité Internationale justement ?

La SSI est un événement national annuel existant depuis 17 ans maintenant et qui se déroule la 3ème semaine de novembre. 
C’est le lieu de promotion de la solidarité internationale dans un cadre grand public et de proximité. De plus, toutes les activités sont gratuites. 
Cette année, le thème de la Semaine est le changement climatique et le développement durable (représentant un tremplin médiatique pour ces questions avant l’ouverture prochaine de la COP21). Le pays à l’honneur est la Tunisie.

Quels sont alors les événements prévus à Lyon ?

Le public va pouvoir trouver plusieurs événements à Lyon. Il y a tout d’abord la Braderie Livres et Solidarités du 7 au 11 novembre place Bellecour qui propose de nombreux livres à petits prix. 
Ensuite, du 13 au 15 novembre s’ouvre le Village de la Solidarité, toujours place Bellecour qui, durant trois jours, va concentrer de nombreuses animations telles que des conférences, tables rondes, concerts, rencontres avec les associations et ONG, expositions, projections ainsi qu’un marché du commerce équitable. 
Enfin, pour les cinéphiles se tiendra le festival Sol’ en films en partenariat avec la SSI qui proposera des films en rapport avec le développement durable et le changement climatique. Vous pouvez retrouver tout le programme sur le site officiel.

Qu’est-ce qui pousse les étudiants du Master à s’engager dans cet événement?

Parce qu’il s’agit de co-organiser, avec la ville de Lyon, la « Semaine de la solidarité internationale » afin de faire de cet événement une représentation de l’implication des jeunes dans les sujets du développement durable et des enjeux climatiques actuels. Les étudiants de ce master souhaitent, avec leur participation, mettre en place des idées fraîches et nouvelles par rapport à la manière dont les activités dans le cadre de cet événement sont menées. De ce fait, il est possible de voir l’implication des étudiants dans des activités d’audiovisuel, de multimédia, de relations publiques, de relations presse, entre autres.

Quel est le but de la participation des étudiants du Master dans la semaine de la solidarité internationale ?

Dans le cadre du Master 2 Science politique – Relations Internationales, spécialité PSAPI, parcours Expertise internationale, il ne s’agit pas seulement de former les étudiants dans le domaine théorique mais aussi pratique. De ce fait, les étudiants de ce master sont invités à appliquer les connaissances et les techniques acquises dans le cadre de cette formation. Par conséquent ils peuvent participer à la conception, à la mise en place et à la gestion d’un projet, dans ce cas la « Semaine de la solidarité internationale », et de cette manière leur but est d’acquérir l’expérience nécessaire pour leur futur professionnel.

De quelle manière les étudiants du master contribuent-ils ainsi aux différents événements de la SSI?

Les étudiants ne travaillent pas tous dans une même activité. Cinq pôles ont été crées et chacun d’entre eux est responsable de mener à bien des activités diverses. Dans le cadre de la SSI des activités variées ont été imaginées par ces pôles, comme par exemple : la promotion et le suivi des événements sur les réseaux sociaux ; le contact avec des ONG et des agences de la société civile travaillant sur le sujet du développement durable. Toutes ces activités sont menées avec la collaboration de plusieurs acteurs, institutions ainsi que les enseignants du Master.

Et quel est alors le rôle de votre groupe ?

Le groupe Relation Presse se compose de 6 personnes, réparties en trois pôles.
Premièrement le pôle blog, avec Mathis et Omar, s’occupe de la tenue du blog avec de la création de contenu (articles, chiffres sur le développement durable,…).
Deuxièmement le groupe « créa » composé de Flora et Léa, dont l’activité principale est la réalisation d’interviews vidéo et la création de la mini-série Compil’Action portant sur l’événement et ses coulisses.
Troisièmement nous deux, qui nous occupons de scruter et analyser la visibilité médiatique de l’événement. Nous sommes également responsables de la réalisation du Pressbook.

Quel est le rôle des ONG et de la société civile dans la SSI?

Il est indéniable que les ONG et la société civile jouent un rôle fondamental dans la société internationale actuelle. Dans le cadre de la SSI, ces acteurs sont invités à montrer leur travail et leurs activités afin d’échanger leurs pratiques dans différentes thématiques. L’objectif de leur participation à la SSI n’est pas principalement de récolter d’argent ou des biens pour leur bénéfice mais plutôt l’échange, le partage et la sensibilisation sur des sujets comme les droits de l’homme, le changement climatique, la promotion de la paix, entre autres. Ces acteurs contribuent avec leur participation à la mise en place d’un réseau solide dont les objectifs sont les mêmes.

Pourquoi participer à la SSI?

La SSI en général et le Village en particulier sont avant tout des lieux de rencontre entre les acteurs de la solidarité internationale eux-mêmes et entre ceux-ci et le grand public et se caractérisent donc par la notion d’échange. La Semaine est également un moment de partage entre différentes cultures avec cette année la Tunisie qui est à l’honneur.

Comment faire pour que les gens s’impliquent dans des événements comme celui-ci ?

Il s’agit de montrer aux gens les enjeux mondiaux actuels. Il faut qu’on comprenne qu’aujourd’hui un problème qui affecte une population va nous affecter en raison de l’interdépendance entre les peuples. C’est pour ces raisons que les gens doivent s’impliquer dans des projets comme celui-ci afin d’agir ensemble pour atteindre un but commun.

La SSI commence demain, chers lecteurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Concours Photo

Cette année, dans le cadre du Village de la Solidarité Internationale, nous organisons un concours photos sur le thème: La photo la plus insolite du village

Durant les 3 jours, envoyez nous vos photos les plus insolites à resausilyon@gmail.com, ou sur les réseaux sociaux avec vos coordonnées pour que nous puissions recontactez les heureux gagnants.

Les trois plus belles photos seront exposées.

Pour les gagnants: des places pour un film au choix au festival Sol’en films, panier Altereco de produits issus du commerce équitable et un agenda Ritimo.

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La parole est à : Mme Vesnin-Chérif Aïcha

Présidente de l’association culturelle franco-tunisienne d’Oullins et du Grand Lyon

Nous avons le plaisir de vous présenter la retranscription de l’interview d’Aïcha Vesnin-Cherif, effectuée par nos soins le jeudi 29 octobre. Fondatrice d’une association de solidarité franco-tunisienne, et participante régulière à la SSI, Aïcha nous livre un témoignage humain, éclairant et d’autant plus intéressant que le pays à l’honneur cette année est la Tunisie. Bonne lecture !

Comment est né ce désir d’aide à l’intégration des tunisiens en France, dans le cadre de votre association?

Ce désir d’aide est né de mon métier originel : venir en aide à des enfants en difficulté scolaire dans des quartiers difficiles, peuplés par une grande population d’origine Maghrébine. A l’aide de parents d’enfants, nous avons créé une première association de femmes, dans laquelle je souhaitais que les femmes aient leurs propres responsabilités. Parmi ces femmes, avec lesquelles j’ai beaucoup sympathisé, certaines étaient d’origine Tunisienne, et c’est ainsi que l’histoire a commencé.

Une deuxième association a découlé de la première. Suite à mon déménagement à Oullins, des familles tunisiennes se sont montrées intéressées par le travail que je faisais dans mon précédent quartier et m’ont demandé si je pouvais venir aider les jeunes tunisiennes et tunisiens à s’intégrer dans la société. Ce fut une demande d’une amicale de tunisien, ce qui m’a mis encore plus au coeur de la communauté. Nous avons pu travailler avec les jeunes, sur l’échange de culture et monter des évènements culturels et inter-culturels sur les thèmes de la calligraphie et de l’écriture, avec des rencontres d’écrivains ou de peintres. En outre, étant dans une quartier difficile, nous nous sommes occupé de ces populations et notamment des jeunes en situation précaire.

Après plusieurs années d’activités, le réseau Silyon nous a demandé de créer un évènement sur le thème de la solidarité, lors de la semaine de la solidarité internationale, à Oullins. Nous avons donc appelé en renfort une association d’handicapés de Vaux en Velin. Il en est né une grande amitié entre les participants. Par la suite, j’ai été appelée en tant qu’écrivain pour aider un oasis en grande perdition dans le Sud de la Tunisie. Il s’agissait de trouver des solutions d’aide et de soutiens, en terme de développement durable mais aussi sur des thématique sociales, liées notamment au monde du handicap.

Enfin, après la révolution tunisienne, des femmes artisanes ont créé une association et nous avons pu les faire venir au marché de Noël de Villeurbanne. Des ateliers sur le développement durable ont été mis en places, entre handicapés et valides. L’ensemble de ces projets ont permis de mettre en forme ce désir d’intégration.

S’il fallait évoquer un souvenir fort dans votre expérience au sein de l’association culturelle franco-tunisienne, quel serait-il ?

L’amitié ! L’amitié qui a découlé de tout ces projets. En réalité, il y a deux mots : amitié et solidarité. Mais c’est l’amitié qui a été le moteur de tous ces projets. Désormais, je suis amis avec tous ces jeunes sur Facebook, et avec beaucoup de personnes et de jeunes que l’on a aidé. Je peux voir tout ce qui se passe dans leur vie par la suite. Il y là, la fondation de grandes histoires d’amitiés. Le souvenir le plus prenant c’est cette rencontre avec cette association d’handicapés. Ce fut un coup de cœur.

Comment définiriez-vous la solidarité internationale en trois mots ?

Pour moi, la solidarité internationale résumée en trois mots c’est amitié, partage, échange.

Comment l’association franco-tunisienne s’est-elle retrouvée à participer à la SSI ?

L’Association franco-tunisienne participait déjà à plusieurs mouvements, dont la francophonie. Il s’agissait d’échanges plutôt culturels. Mais vu que l’on travaillait aussi dans un quartier, dit en difficulté, nous étions en relation avec l’ex-grand Lyon. Nous nous sommes donc retrouvé avec des associations dans la même mouvance que nous. Nous étions peu de véritable associations non politisées, et nous nous sommes ainsi rapidement rapprochés de l’association des handicapés. Lorsqu’il s’agissait de parler et de mettre en valeur la Tunisie, on retrouvait souvent les mêmes. Les organisateurs de la SSI ont donc immédiatement fait appel à nous lorsqu’ils ont eu besoin d’élargir leur champs d’action, notamment dans l’animation de débats après la projection de films : par exemple sur le monde musulman après Persépolis. Peu de monde acceptait alors de participer à ces débats. Personnellement, j’ai été amené à faire trois débats en trois soirs avec le responsables de la SSI, et à l’occasion d’une discussion en voiture, il s’est trouvé qu’il avait besoin d’un référant. Or, il savait que je partais beaucoup en Tunisie, que je suivais beaucoup de régions… Les liens se sont renforcés au fur et à mesure des demandes pour des associations en rapport avec le monde arabe. Avec le climat actuel, les associations qui acceptaient de s’engager étaient assez rares.

Pour vous, qu’est que ce que cela signifie être acteur de la solidarité internationale ? Et quel impact personnel cela a sur vous ?

Je me suis toujours considérée comme une fille du monde. J’ai fait beaucoup de montagne à travers le globe. Le contact avec l’autre est très important pour moi. Je sais que l’on perd toujours un peu de soi en rencontrant l’autre. Mais je n’ai pas du tout l’impression de me perdre. Au contraire ! Ces échanges sont une richesse : on change de regard et on apprend à trouver des solutions ensemble. Depuis que je suis dans cet univers, ce que je trouve extraordinaire c’est l’évolution constante. En plus, la jeunesse des pays en développements est très active. On est obligé d’être dans un mouvement permanent. Lorsque je disais « échange », je voulais exprimer ce partage et et enrichissement mutuel au contact de l’autre.

Il faut qu’on incarne ces ponts entre les cultures. Tant qu’il y aura ces pont, on avancera, mais le jour où ces pont disparaitront, il faudra se poser des questions sur notre avenir à tous. Tant qu’il y a une jeunesse qui y croit encore, et tant que nous sommes là pour apporter notre expérience tandis qu’ils nous apporte leur force de vie, nous sommes capable de soulever des montagnes pour trouver des solutions.

Pouvez-vous revenir sur votre expérience au seins de la SSI ?

Une année, le thème était « les jeunes et la solidarité », et ne concernait donc pas spécifiquement la solidarité internationale, mais aussi la solidarité des quartiers. Ainsi, avec mes jeunes des quartiers, nous avons essayé de montrer comment ils avaient organisé une fête de quartier, comment on pouvait trouver des idées pour animer un quartier en visitant des quartiers Turcs à Bruxelles ou à Berlin. Ces visites leur ont permis de voir qu’il existait pire que ce qu’ils connaissaient et que pourtant, d’autre on fait des projets. Nous avons participé avec les jeunes à des débats très intéressants. En même temps, ils avaient un stand et ont présenté un montage. C’était important d’avoir cette reconnaissance.

Une autre année, le thème était « les saveurs du monde » et on avait participé avec du thé et des gâteaux orientaux. Lors de la toute première participation à Oullins, nous avons organisé toute une journée sur la solidarité internationale. Nous avions des stands et le dernier soir, un travail était présenté sur la Tunisie, et sur les projets déjà mis en œuvre sur le développement durable : accès à l’eau partout, handicap, accès aux téléphones… Nous avions vraiment été moteur pour les débuts de la semaine. Nous avons été formé pour ces journées avec d’autre associations, et puis, nous avons eu beaucoup de réunion avec la région Rhône Alpes sur l’organisation de l’évènement et sur le thème du développement durable. Quand on se retrouve en réunion, on retrouve d’autre associations qui on participé aux débats. Les informations et les personnes se croisent et se retrouvent. Comme la Tunisie est à l’honneur cette année, nous sommes en pleins cœur de notre activité d’association et nous aurons un stand dans la partie consacrée à la Tunisie.

Que vas changer le fait que le Tunisie soit mise à l’Honneur ? Pouvez-vous revenir concrètement sur les activités mises en place pour la promotion de la Tunisie ?

Concernant le développement durable, il va y avoir une participation à tous les débats. Pour la Tunisie même, il y aura de la musique classique Tunisienne, du chant, de la danse, et du théâtre de rue, organisé par une université en lien avec la région de Monastire. Il y aura des court métrages, montés par une association – Culture 5 – mettant en lien des jeunes de Tunisie et des jeunes français sur le cinémas. Le théâtre de rue est particulièrement important car, s’il était peu évident à mettre en place il y a quelques années, aujourd’hui cela marche mieux. Il était important de montrer ça : sur la grande place de Tunis j’ai assisté des interprétations spontanées et des sketchs sur le thème du foulard. Il y avait aussi des montages qui montraient le risque d’une population divisée en deux, et qui promouvaient le respect de l’autre, l’unité des Tunisiens de part leurs origines musulmanes, et leur appartenance à un même pays. C’est un vrai progrès que cela se fasse dans la rue, que les gens y assistent, participent et applaudissent. Il faut montrer que la jeunesse avance pour contrer les idées reçues qui peuvent prendre des proportions énormes à partir d’une toute petite phrase.

Cette année, je vais présenter le montage d’un jeune ingénieur de 22 ans à Grenoble qui fait un travail remarquable auprès des jeunes. L’Oasis des sciences, une association qui travaille avec des personnes handicapées ou non tend à montrer que tous, diplômés ou chômeur, travaillent pour la remise en route d’une oasis, notamment en terme de développement économique. Ils essayent par exemple de faire du café avec des noyaux de datte torréfiés ou de travailler le palmier afin de développer l’artisanat. C’est important de montrer que ces choses se développent.

On a écris un livre avec les jeunes sur le thème de la sauvegarde de la nature : on s’est déplacé sur des lieux expérimentaux en la matière, mais aussi chez eux, où le problème est parfois désastreux. Il s’agit de montrer ces innovations, ces jeunes qui prennent leur destin en main même si ils sont au sud et proche de la frontière Libyenne. Ce n’est pas une solution de laisser le pays à ses problème interne dès qu’une bombe explose. Au contraire, il faut lutter au côté de la jeunesse qui représente l’avenir. Quel monde leur a t-on laissé ? C’est important de montrer l’impact de cette jeunesse qui avance et qui ose. C’est peut-être le mot important, ils n’ont pas peur !

La SSI est riches en projets et en animations. L’un vous a t-il marqué plus que les autres ?

Ce qui m’a le plus marqué au sein de la SSI, et qui m’a le plus touché car je l’ai vécu de façon très difficile, ce sont les débats autours des films. La population vient pour regarder ces films vient avec des idées très précises et on se retrouve seule, face à toute une salle de cinémas, pour des débats qui durent parfois plus longtemps que les films. Ce qui m’a marqué, c’est que les gens qui viennent à ces débats, viennent avec des idées reçues mais aussi avec une volonté de recevoir des messages et d’exprimer le leur. Ce que je trouve important, c’est qu’au sein de ces évènements, les débats sont réels : ce sont parfois les seuls évènements qui permettent aux gens d’en apprendre davantage sur un pays, sur la solidarité ou de prendre conscience de leurs idée reçues. Ces débats m’ont confirmé qu’ils faut vraiment croire en ce qu’on fait, car cela donne la force d’avancer face aux idées reçues. Les gens à la tête des débats sont extraordinaires, très calmes, dotés d’une bonne connaissance des enjeux, et apportent un soutient nécessaire aux preneurs de parole. Je pense que cet évènement à Lyon, propose des activités assez uniques, notamment car le public est réellement à l’écoute. J’ai rarement vu des lieux où il se passe des choses comme ça avec le public.

Pour en revenir à Persépolis, bien que cela ne se voit pas que je suis musulmane, j’ai été amené à débattre du foulard. Et j’ai su garder ma sérénité, et attendre la fin pour déclarer : « voilà, vous m’avez eu devant vous, et je suis musulmane ». Cela a provoqué un tas de réactions et m’a servie de leçon. Je me suis dis qu’il faut écouter les gens et transmettre mon message qu’au moment opportun. J’aurais pu m’énerver. Mais c’est en côtoyant les autres qu’on apprend à mieux recevoir le public, leurs questions, et qu’on apprend davantage de leurs expériences.

Pensez-vous que vous affirmer musulmane ait changé quelque chose dans le regard des gens ?

Oui, absolument, c’était vraiment le stéréotype. Je me sens totalement musulmane. Aucun signe extérieur ne vient exprimer ma foie, et c’est parfois plus difficile car je dois me comporter de manière à ce qu’on reconnaissance en moi des valeurs. Certains sont venus discuter ensuite à l’extérieure car on a du nous mettre dehors.

Y’a t-il un thème ou un débat au sein de la SSI qui fut particulièrement controversé ?

Effectivement, sur les coopératives d’ouvriers, le débat était très fort car beaucoup de participants étaient concernés. J’étais aux côtés d’un syndicaliste. Au delà des relations avec le public, les liens tissés entre les organisateurs sont aussi très enrichissants.

Dans une deuxième partie nous aimerions revenir sur la Tunisie. La révolution Tunisienne refait la une des médias suite à l’attribution du Nobel de la paix. Qu’est-ce qui a profondément changé en Tunisie avec cette révolution ?

On sentait de plus en plus que la population avait besoin de s’exprimer, de dire ce qu’elle pensait. C’est devenu incontournable. La société Tunisienne et les jeunes qui ont mené la révolution n’étaient pas préparé à la démocratie. Il y a eu tout un apprentissage sur la vie politique, sur la manière d’exprimer ses choix et de débattre… La révolution c’est aussi voir les grands-mères suivre les débats politiques à la radio, au point que parfois les Tunisiens en ont par dessus la tête. C’est un pays qui a trois milles ans d’histoire et de culture qui ont laissé des traces. La Tunisie est composée d’une population profondément humaniste, mais qui ne fut pas préparée à ce changement de culture politique et économique. Habitués à ce qu’on leur dise « ne fais pas ci, ne fais pas ça », les Tunisiens ont du apprendre à se prendre en mains, à monter des entreprises, et cela va prendre du temps.

Comment vivez-vous la coexistence d’une société éprise de la solidarité internationale, ouverte sur les autres et sur le monde, et une société plus rigide vis-à-vis de l’intégration des population issues de l’immigration ?

Je pense que les choses vont trop vite. Les gens n’ont pas le temps d’assimiler, non pas les personnes, mais ce qui se passe. Les grands de ce monde savez bien qu’un jour ou l’autre, en ne faisant rien pour l’économie, cela allez arriver. Il n’ont rien fais et aujourd’hui, ils nous laisse à notre propre sort. Ce en quoi je crois, c’est au peuple. J’ai entendu hier que des Libyens s’occupent eux-mêmes de couler les bateaux et d’arrêter les passeurs. Si ce genre d’information passe, et montre que les populations se battent, ça peut changer la donne dans l’esprit des gens. Aujourd’hui, on se retrouve dans une ambiance d’après guerre avec des réfugiés qui longent les routes et les pleins chemins. L’Europe a le tort de ne pas avoir su avoir gérer ses frontières. La responsabilité est au monde politique et économique. On a longtemps dit qu’il fallait les aider. Or trouver de l’argent pour les aider c’est un véritable parcours du combattant. Le désespoirs fait qu’à un moment donné, il faut que des pays comme la Tunisie réussissent, qu’on ne les laisse pas tomber, afin que d’autre à côté se disent : si ici c’est possible, on reviendra au pays pour monter une économie. Il faut expliquer aux gens que c’est temporaire, et ne pas amener des réfugiés dans un village sans que personne ne soit au courant. On ne peut pas laisser faire ça. Il faudra du temps, expliquer au gens. C’est une question de logique et de pédagogie.

Des géopolitiques de Nantes au village alternatif de Lyon

Une occasion précieuse pour en apprendre davantage sur les Objectifs du Millénaire

Le vendredi 25 septembre 2015, l’ensemble des pays du monde réuni au sein de l’ONU s’accordaient sur un total de 17 d’objectifs ambitieux à réaliser à l’horizon 2030. À travers ces Objectifs de Développement durable, les 193 membres des Nations Unies s’engagent notamment à éradiquer la faim, éliminer l’extrême pauvreté, promouvoir les énergies propres ou encore lutter contre le réchauffement climatique. Ce plan global succède aux 8 Objectifs du Millénaire pour le développement, approuvé en 2000 par l’ONU. Ils furent caractérisés par la mise en œuvre de mesures sans précédent étalées sur 15 ans, pour relever les défis du 21e siècle. Selon Rolf Traeger, économiste à la Commission des Nations unies pour le commerce et le développement.« les Objectifs du millénaire pour le développement ont exprimé la volonté des États membres des Nations unies d’agir sur les conditions de vie dans les pays du Sud : diviser de moitié le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, éliminer la faim dans le monde, scolariser tous les enfants en âge d’aller en primaire, favoriser l’égalité homme femme, améliorer les conditions sanitaires (santé maternelle, mortalité infantile, eau potable et réseau d’assainissement) et lutter contre le sida et le paludisme ».

Quinze ans après le lancement des Objectifs du Millénaire et alors que l’année 2015 signe leur fin, les progrès considérables enregistrés en terme de réduction de la pauvreté, de scolarisation ou encore de lutte contre le paludisme témoignent d’une dynamique encourageante qu’il s’agit de renouveler. Désormais, le nouveau programme onusien intègre des problématiques plus larges, impliquant l’ensemble des citoyens du monde. En passant de 8 à 17 objectifs, l’ONU étend son champ d’action et aspire à conférer une place essentielle au développement durable. Deux évènements organisés à Nantes et à Lyon nous permettent de nous familiariser un peu plus avec cette dynamique progressiste impulsée par l’ONU.

Le samedi 3 octobre, à l’occasion des Géopolitiques de Nantes – un ensemble de conférences organisées par l’IRIS sur le thème de la géopolitique – plusieurs personnalités directement impliquées dans la mise en œuvre des ODD se sont exprimées devant plusieurs centaines de participants dans le Grand Atelier du Lieu Unique. L’occasion pour eux de revenir sur leur expérience, mais aussi de mettre en exergue les limites d’un tel processus. M. Bonaventure Gbétoho Sokpoh, expert international, a ainsi partagé avec le public plusieurs anecdotes mettant en lumière la faible fiabilité des indicateurs récoltés par les évaluateurs des programmes onusiens auprès de pays en voies de développement. Mike Perose, directeur général d’Action contre la Faim, a souligné que le recul spectaculaire de la pauvreté au niveau mondial cache en réalité de grandes disparités selon les régions, et repose essentiellement sur la croissance économique chinoise et indienne. Les problématiques posées par le nouveau cycle de développement sont nombreuses et les occasions pour le grand public d’en apprendre davantage sont précieuses. Et ce d’autant plus que la composante environnementale des ODD engage l’ensemble de l’humanité, et non plus seulement les pays du tiers-monde. Il est donc d’autant plus indispensable de participer à un événement unique organisé au mois de novembre par la ville de Lyon: la semaine de la solidarité internationale.

En mettant à l’honneur le thème des Objectifs du Millénaire, le réseau Silyon nous invite à participer à une manifestation inédite en faveur de la solidarité internationale. Réunissant des centaines d’acteurs engagés dans le développement durable, l’économie solidaire ou encore le commerce équitable, la semaine de la solidarité internationale constitue une nouvelle opportunité pour sensibiliser le public aux défis environnementaux et sociaux dans un cadre global. Comprenant un ensemble de conférences, d’animations et de festivités, l’évènement veut promouvoir les relations entre les associations, les organisations non gouvernementales, et le public. C’est avant tout un moment de partage, de découverte et de débat sur les grands défis de notre société, notamment climatique. En mettant en perspective les initiatives concrètes en faveur du développement durable, la semaine de la solidarité internationale veut permettre au public de porter un regard plus critique sur les enjeux mondiaux à quelques semaines de la COP21.

Mathis BUIS